Radé, l’un des derniers ressortiers
Depuis 13 ans chez RHD, Radoljub, dit Radé, exerce la fonction de responsable technique métier. Il supervise et forme les régleurs. Rencontre avec un homme attachant qui a l’amour de la mécanique et des ressorts en particulier, une passion profondément ancrée en lui.
Sa voix douce contraste singulièrement avec sa stature de colosse. Son visage carré témoigne d’une grande sagesse. Derrière son apparente bonhomie et ses rires, se cache un parcours loin d’être un long fleuve tranquille. Ce natif de Belgrade, en Serbie, à l’époque où celle-ci appartenait à la Yougoslavie, y a passé les dix premières années de sa vie. Il suit alors des parents en France, accompagné de sa grande sœur. Il repart de zéro : apprendre la langue et travailler le soir pour rattraper le « retard ». Sa ténacité et son sens de l’effort lui permettent de surmonter ces défis et d’intégrer le collège sans encombre.
Mécanique des ressorts
« Dès mon plus jeune âge, j’étais passionné par la mécanique, par tout ce qui implique des mouvements mécaniques. », lâche-t-il avec enthousiasme. L’homme avoue que c’est aussi une tradition de famille, portée par son oncle, mécanicien militaire. Il reconnaît qu’il baigne dans ce milieu et que son orientation professionnelle se fait naturellement. Malgré l’avis de ses professeurs qui lui déconseillent les métiers manuels, il décide de suivre sa voie. Et, cette formation de ressortier-régleur l’intéresse fortement. Mais, il n’existe qu’un seul lycée professionnel parisien qui propose ce CAP de ressortier en trois ans : un facteur de motivation supplémentaire pour Radé. Il clôt son cursus par un bac pro avant d’être appelé sous les drapeaux.
Des épreuves qui forgent le caractère
En 1993-94, son service militaire, en Serbie, alors en pleine guerre de Yougoslavie, lui enseigne des leçons précieuses sur les valeurs humaines. Il explique que : « Cet apprentissage, dans certaines difficultés, certaines douleurs, fait qu’on arrive à gérer toutes sortes de situations, même les plus complexes. » Encore aujourd’hui, il reconnaît que cette expérience l’a renforcé et lui a appris la force d’une équipe. Il en fait même un mantra : « on ne perd jamais ». En d’autres, termes, lorsqu’un objectif est fixé, on ne le perd pas de vue. Il a aussi acquis une capacité d’écoute et de dialogue. De qualités essentielles qui permettent d’obtenir beaucoup de choses en entreprise : remotiver des gens ou rassembler une équipe. En effet, il a réussi à relancer le secteur des grandes séries, victime de nombreux départs. Ses qualités humaines lui ont permis de former une équipe soudée et plus efficace que la précédente.
Radé, une carrière sous le signe du plaisir
En jetant un regard dans le rétroviseur de sa route professionnelle, Radoljub ne choisit qu’un seul mot : le plaisir. Il commence sa carrière dans une entreprise familiale de ressorts où l’on travaille beaucoup pour l’aéronautique. Sa passion du métier grandit avec le temps, il aime la conception de ces ressorts « précis ». Il se remémore : « c’était une passion, je me levais le matin et je n’avais pas l’impression d’aller travailler ». Avec un leitmotiv : obtenir le meilleur produit possible. Il faut viser la performance, gérer au mieux les forces qui s’exercent sur le ressort. Ses yeux s’animent d’une lueur quand il évoque la technicité du ressort, la complexité de l’enroulement du fil et l’analyse de l’échec quand un produit s’écroule. Le rachat de la PME par un grand groupe, plus intéressé par les gains financiers que la qualité des produits, indique qu’il est temps de partir. Ce départ conduit le ressortier chez RHD.
Les grandes forces de RHD
Selon lui, RHD est une entreprise à taille humaine, et qui, malgré sa croissance, conserve cet esprit familial. Le respect des personnes fait partie de la culture d’entreprise et le contact avec la direction se fait directement et simplement. « Ce que j’apprécie, c’est cette absence de barrières, Stéphane Mauduit (Président de RHD) reste très accessible et nous apporte son soutien », explique-t-il. Chez RHD, on relève de nouveaux défis. Malgré l’irruption du numérique et des contrôles électroniques, la formation sur la mécanique pour les jeunes régleurs s’avère fondamentale. Radé joue aussi le rôle de « passeur de savoir » en les formant. Lorsqu’il ne travaille pas sur un nouveau défi technique, il aime se promener seul dans la nature, à la manière de Jean-Jacques Rousseau, pour stimuler ses pensées.